Cet automne, dans mon potager, j’ai enfin compris cette phrase que l’on voit un peu partout en cette saison : l’automne, le temps des récoltes. Alors oui, bien sûr, j’habite dans les vignes donc je vois les vignerons récolter le raisin qui a mûri pendant l’été et je vois bien les courges et les châtaignes qui arrivent dans les rayons, la nature qui change de couleurs, j’adore ça !

Mais comment intégrer ce temps dans ma propre vie ? En quoi c’est aussi un temps de récolte pour nous ? Je n’arrivais pas à faire concrètement le lien entre la nature et mon quotidien.

Jusqu’à cette année. Parce que cette année, j’ai planté puis récolté moi-même :

  • Les tomates trop vertes qui n’auront pas le temps de mûrir (j’en ai fait du chutney 😋)
  • Les salades montées en graines
  • Les herbes aromatiques qu’il faut couper avant les premières gelées
  • Les dernier petits pois et haricot verts
  • Et ce moment un peu mélancolique où il faut tout récolter avant que cela ne pourrisse

Ce geste, si simple, m’a profondément touchée cette année. Il m’a permis de repenser notre propre rapport au temps, à la vie, et à ce que nous portons en nous.

Tout ne peut pas être gardé.
Certaines choses arrivent à maturité, d’autres non.
Certaines choses donnent, d’autres épuisent.

Mais dans ce tri nécessaire, il y a déjà une forme d’apaisement.

Dernière récolte

Ma dernière récolte d’automne

Un moment de gratitude

Et voici ce que j’ai vraiment réalisé.

L’automne, c’est un moment de gratitude et de reconnaissance pour tout ce qui a été donné cette année.
Comme dans le potager, l’automne nous invite à reconnaître ce que nous avons fait pousser : les projets, les apprentissages, les rencontres nourrissantes. Nous pouvons prendre un instant pour y réfléchir, et se poser la question des expérience qui ont été faites pendant l’année.

Que voulons-nous garder ? Recommencer ? Laisser de côté ?

Un premier mouvement de repli

Tout récolter pour protéger ce qui peut encore être consommé marque aussi notre propre mouvement de repli : à mesure que les jours raccourcissent, que la température baisse, nous commençons aussi à nous retirer.

La nature se déleste du superflu pour préserver l’énergie essentielle.
 C’est aussi ce que nous enseigne l’ayurvéda à cette saison : l’automne correspond à la période Vata, dominée par l’air et l’éther. Les qualités de Vata — le mouvement, la légèreté, la sécheresse — se manifestent dans notre environnement… et en nous.

Si nous suivons ce rythme sans nous y opposer, nous sentons le besoin de ralentir, de simplifier, de nous poser. La pratique de yoga devient lente, répétitive et nous recherchons l’ancrage.

Si nous restons dans le tourbillon, nous nous épuisons : sommeil perturbé, nervosité, peau sèche, fatigue mentale, anxiété…

Ce que nous apporte le yoga

Le yoga nous permet d’intérioriser et de comprendre dans notre corps tout ce qu’il se passe dans notre environnement en transition vers l’hiver.

Il est bon de revenir au souffle, au corps et à son intelligence pour vivre ce moment de tri, de lâcher prise et non le subir dans l’angoisse et le stress des choses à terminer.

Lorsque la lumière diminue, que l’énergie se fait plus instable, nos systèmes internes s’adaptent : la respiration se raccourcit, le mental s’agite, le feu digestif vacille. La pratique du yoga devient alors un moyen de réguler ce passage, d’y mettre du souffle et de la conscience.

L’automne invite à ralentir. À quitter les pratiques trop intenses ou dispersées pour revenir vers des mouvements plus enracinés et restaurateurs. Une pratique plus subtil et intérieure peut avoir lieu, comme celle du mudra pranidhana qui aide à lâcher-prise et à réduire notre stress.

Vivre les transitions des saisons avec le yoga, c’est laisser le corps devenir le lieu du passage. C’est apprendre à se déposer dans le changement, à accueillir la fin des cycles, et à sentir que sous la surface du silence, la vie continue de travailler.

Planter les graines de demain

Même si la terre se repose, elle prépare déjà le printemps. C’est un temps de gestation silencieuse.
En nous aussi, quelque chose se prépare. L’automne nous invite à semer des intentions douces :

  • prendre soin de notre énergie
  • cultiver des routines réconfortantes
  • nourrir le corps avec des aliments chauds et onctueux
  • créer des espaces de silence

L’automne : une récolte et une promesse

L’automne est un passage où la nature nous enseigne l’art du tri, du lâcher-prise et de la préparation. C’est le moment de récolter ce qui a mûri, d’offrir au compost ce qui ne sert plus, et de penser aux graines du renouveau.

Sur le chemin du yoga comme dans le potager, tout est cycle, tout est mouvement.
Chaque saison porte sa sagesse.

Et en apprenant à vivre au rythme de la terre, nous retrouvons un peu de ce calme, de cette clarté et de cette joie simple d’être en accord avec ce qui est.